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Le sexe des modes (pour aufeminin.com)

Mon article fashion sur aufeminin.com. Rock et hip hop ont fait surgir les modes depuis la rue. Codes masculins, féminins, homo, hétéro, ou bi: ça bouge au rythme des platines et des générations.
Années 50, USA : le rock’n’roll choque avec sa connotation sexuelle. Mais les codes masculins et féminins y sont respectés à mort. Les « bananes » se portent sur la tête des mecs et les filles font danser robes et jupons. Ici, pas de doute (euh ?), tout le monde est hétéro.
Fin des années 60 : les hippies, filles et garçons, se parent de longues tuniques et jeans effrangés. Les silhouettes se confondent. Les cheveux longs chez les hommes font débat. « Efféminé » ou « révolutionnaire » ? Ce n’est qu’un début : le rock et la mode ouvrent la porte à la politique. Mai 68 se profile… Avec lui, le renouveau du féminisme et le début de la contestation homosexuelle. À Londres, Mary Quant crée la minijupe et tout le monde en parle. Aux States, les Black Panthers laissent pousser leurs cheveux crépus. À elles seules, les tignasses délivrées sont un cri de révolte contre la dictature blanche de la beauté. Le slogan « Black is beautiful » s’affiche en porte-parole d’une génération. Soul, funk et rock marquent le tempo.

1972. D’Angleterre débarquent les « décadents » (Glam rock). Roxy Music, New York Dolls, David Bowie célèbrent la bisexualité et font des émules jusque dans les faubourgs de Paris. Le style est androgyne (mélange des sexes) : bien avant Jean-Paul Gaultier, les hommes chaussent talons hauts (platform boots) et piquent le blush de leurs copines. Paradoxalement, les filles restent groupies sans profiter des feux de la scène. Star du Pop Art, pionnier du cinéma underground, Andy Warhol fait jouer des travestis, dont la troublante Candy Darling, dans sa trilogie culte : Trash, Flesh, Heat. À Paname, Marie-France fait ses débuts. Transsexuelle, et chanteuse, elle devient une égérie de la nuit parisienne.

Années 80, c’est No Future. Une fois encore, Londres crée l’événement. Dès 1976, le punk lacère les fringues, exhibe croix gammées et portraits de Staline sur ses T-shirts, troue son visage d’épingles à nourrice. Iroquois et chevelures dressées. Filles et garçons chaussent leurs Doc Martens. Les Sex Pistols portent l’étendard. Les filles prennent la scène et la parole. Les codes du bondage et du SM sont détournés (latex, casquettes nazies, résille) dans une version destroy. Jayne County est le premier trans leader d’un groupe de rock. Pour les héritiers du hard rock et du rockabilly, « les punks sont des pédés ». Et ça se castagne jusque dans les banlieues de France…

Dans le même temps, les gays, justement, optent pour le look « butch ». Viril, genre militaire. Euh… Enfin, dans les fringues, quoi. Le p’tit anneau dans l’oreille se répand chez les mecs. Oui, mais à gauche ou à droite ? Le détail est important, il désigne « gay » d’un côté, « hétéro » de l’autre.
Boy George ne se pose pas la question. De Londres toujours, le jeune homme (mais oui !) mélange maquillage, robes et dreadlocks. Et fait un éphémère tabac en surfant sur une tendance peu connue du grand public, mais à la pointe de l’avant-garde : celle des « nouveaux romantiques ». Les rues et le métro londoniens deviennent le théâtre d’une créativité hors du commun, où l’on croise des marquises coiffées de crêtes multicolores. Masculin/ féminin, homo/ hétéro ? Les codes sont brouillés, seule l’inventivité a droit de cité.

Le Batcave, club mythique de l’underground british, verra naître sa version sombre en détournant les symboles religieux. Filles et garçons noircissent leurs yeux et bouches, et talquent leurs visages. Les skinheads font la chasse à ces oiseaux de nuit qui viennent aussi hanter les villes françaises.

Et le hip hop arriva… Aux fringues cainri, les banlieues françaises trouvent une alternative. Le survêtement, plus près du corps, renaît. Pas facile pour les filles de trouver leur voie, entre looks tas-pé et masculin informe. Peu à peu, elles inventent leur style.

Les mecs mettent un diam’s à l’oreille, puis deux, continuent de tomber le baggy mais relèvent aussi le T-shirt

Caleçons et fesses masculines se montrent au grand jour. Imaginons un lascar débarquer dans sa cité dix ans plus tôt, couvert de diamants, les fesses sortant du jean… Back in the 80’ : on l’aurait traité de « race dep ».
On rigole : la ville d’Alexandria (sud de la Louisiane) a décidé d’interdire le baggy. Motif : les nombreuses plaintes de citoyens qui refusent de voir « les dessous et, dans certains cas, les postérieurs des jeunes hommes ». Passible d’une amende de 500 dollars et jusqu’à six mois de prison. D’autres villes ont suivi depuis.

Aujourd’hui, le style hip hop est le premier, dans les modes issues de tendances musicales, a être autant repris, chez les jeunes de France. Et, tout simplement, du monde…
Autre tendance : les lesbiennes ultra féminines (les Lipstick) font surface. Jusque-là relativement discrètes, stars du film de Spike Lee, She Hate Me, elles percent en force dans la série L World, puis la télé-réalité US de Téli Téquila, aussi diffusée sur MTV France. La Tecktonik, elle, brouille toutes les pistes, avant de disparaître en deux clins d’oeil. Homos, hétéros, banlieues, beaux quartiers, techno, hip hop, danses, sexes et styles s’y mélangent.
Que nous réserve 2013 ? Wait, see and enjoy it.
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